Un CAP de franchi pour 3 ouvriers de l’ESAT Prestige Jura
Ils s’appellent Romuald, William et Grégory. Ils sont en situation de handicap intellectuel. Preuve que la volonté et la persévérance paient : après un parcours de formation de presque 6 ans, ils viennent de décrocher tout ou partie de leur CAP de menuisier agenceur. Un achèvement qui est le fruit d’un long travail entre les professionnels du service formation et insertion, les moniteurs de l’atelier bois de l’ESAT Prestige Jura, et ces travailleurs handicapés qui voient un nouveau chemin se dessiner pour eux.
« Il y a plus de 6 ans, le service formation de l’ESAT de Saint-Claude entamait une démarche pour que 3 ouvriers de l’atelier bois s’engagent dans un cycle visant à l’obtention de tout ou partie du CAP de menuisier agenceur », se souvient Philippe Rigoulot, Directeur du pôle handicap adulte sur le territoire du Haut-Jura. « Cette expérimentation visait à vérifier jusqu’où il était possible d’aller en matière de parcours de formation qualifiant pour des travailleurs d’ESAT, dans une logique orientée résolument vers l’inclusion en milieu ordinaire (le CAP étant le diplôme technique le mieux identifié par tout employeur potentiel) », poursuit-il.
Gageons que toute l’équipe de professionnels qui a accompagné ces 3 personnes n’a pas été déçue puisque Romuald Petetin a validé la totalité de son CAP de menuisier agenceur. De son côté, William Piard a validé 3 activités sur 5 et Grégory Forest, 1 activité sur 5.
« Si ce résultat concret nous remplit de joie, c’est surtout le chemin parcouru et la persévérance de chacun des candidats qui forcent le respect », poursuit Monsieur Rigoulot.
Un parcours de formation de 6 ans et une soutenance devant un jury spécial
Et pour cause, ce parcours formation qui s’est orienté vers une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), avec l’appui du CREAI et en partenariat avec le GRETA du Haut-Jura, du rectorat et du Lycée professionnel Pierre Vernotte de Moirans-en-Montagne, a commencé il y presque 6 ans.
« La formation s’est déroulée à raison de 2 demi-journées de formation par semaine, l’une consacrée aux savoirs de base, l’autre aux apprentissages techniques », explique Philippe Rigoulot.
La reprise des apports théoriques et leur application en atelier étaient assurées chaque semaine par les moniteurs de l’atelier de menuiserie, Eric Goiffon et Paolo Mancuso. En parallèle, un travail important a été mené avec les candidats par Nelly Rodrigues et Audrey Martin des services formation et insertion, pour constituer les livrets et compléter l’action sur les savoirs de base.
« Pour préparer mon CAP, je suis allé chaque semaine au lycée du bois à Moirans-en-Montagne, tous les lundis après-midi avec mes deux collègues. Je suis aussi allé en stage 15 jours à la menuiserie Chambard, à Villard-sur-Bienne », a confié William au journal de l’Apei de Saint-Claude avant sa soutenance qui, malgré un report au printemps lié à la crise sanitaire, s’est déroulé devant un jury (1er de ce type en Franche-Comté) à Besançon, au début du mois de novembre.
Avec ces acquis et cette reconnaissance, c’est un nouveau chemin qui s’ouvre pour les trois ouvriers de l’ESAT, passionnés par ce noble matériau qu’est le bois. « Et c’est surtout une belle réussite à partager, dans la période difficile que nous traversons », conclut Philippe Rigoulot.