COVID-19 et continuité de service : la relation d’aide à l’épreuve du confinement
Depuis le début du confinement, les professionnels de Juralliance se mobilisent et innovent pour assurer l’accompagnement des plus fragiles. Pour tous, un seul et même enjeu : la continuité de service dans et hors les murs. Retour sur cette période inédite.
Le 17 mars dernier, suite à l’annonce présidentielle, le confinement débute. Si la plupart des personnes accompagnées sont confinées dans les établissements et/ou services qui les hébergent habituellement, certaines retournent dans leur famille. Ces retours sont travaillés au cas par cas selon les possibilités d’accueil et les souhaits de chaque famille. Dans le secteur de la protection de l’enfance, ce travail est mené par les professionnels en collaboration avec le conseil départemental du Jura, via le service de l’aide sociale à l’enfance et les magistrats. Pour le secteur handicap enfance, et notamment les IME, fermeture des écoles oblige, c’est l’intégralité des enfants qui est de retour à son domicile. Concernant le secteur handicap adulte, si certaines familles ont fait le choix d’accueillir à temps plein leur proche résidant dans un des établissements du pôle spécialisé, les autres y sont confinés. Accompagnant des personnes vivant à domicile, les SAVS, tout comme la Maison des Parcours et de la Participation, questionnent également leurs pratiques. En effet, de nombreuses questions se posent : comment assurer la continuité de service à distance ? En établissement : comment inventer un nouveau quotidien malgré les règles liées au confinement. Confrontées à ces nouvelles barrières dans la relation d’aide, les équipes innovent pour proposer des formes d’accompagnement inédites dans un contexte qui l’est tout autant.
Pour les personnes éloignées de leur établissement/service, comment les professionnels de terrain travaillent-ils pour faire vivre la relation d’aide à distance ?
La relation d’aide : Carl Rogers, psychologue américain la décrivait comme « une relation thérapeutique tournée vers l’autre, vers son vécu, vers sa souffrance ». Il ajoutait « la relation d’aide consiste à venir en aide à toute personne en perte de repères dans un environnement qui évolue rapidement ». Mobilisés pour faire vivre cette relation d’aide à distance dans cette période de confinement, tous les professionnels de Juralliance le sont. Ils font preuve de créativité et d’inventivité pour que les retours à domicile se vivent au mieux pour les personnes comme pour leurs proches. Que ce soit par téléphone, en visioconférence, par mail ou encore par courrier, les équipes maintiennent le lien coûte que coûte. « La continuité pédagogique et rééducative se poursuit notamment via des vidéos, ou encore via des exercices déposés dans les boîtes aux lettres des familles », explique Madame Garnier, directrice adjointe de l’IME-SESSAD de Saint-Claude. « Et afin d’éviter l’épuisement des familles et leur apporter du répit, les équipes de l’IME-SESSAD proposent des interventions de soutien à domicile. La petite Salma et sa famille en ont bénéficié ! ». Également au cœur du travail de tous, une écoute et un soutien actif son menés auprès des publics accompagnés. Cela répond à un réel besoin. Les personnes décrivent pour certaines leur ennui, leur absence de repères quotidiens, leur stress pour d’autres, ou encore leurs inquiétudes quant à la situation actuelle et après. Carole Lobjois, cheffe de service à l’ESAT de Cramans et d’Arbois souligne que pour les ouvriers, c’est aussi « un sentiment d’inutilité, de passivité qui transparaît lors des entretiens ». Malgré le travail de qualité des équipes, les angoisses et les troubles psychiques des personnes peuvent parfois être trop envahissants et les mettre à mal ainsi que leurs proches. Les professionnels évaluent aussi ces situations "à risque". Ainsi, à l’IME-SESSAD de Saint-Claude, Madame Garnier travaille en collaboration avec le psychologue et le médecin du service qui peuvent alors intervenir en appui du professionnel. Un travail d’équipe qui porte ses fruits, comme le soulignent les directions respectives, "grâce au sérieux des professionnels et à leur implication dans leur travail".
Et pour les résidents confinés en établissement ? Comment les équipes organisent-elles ce nouveau quotidien "version Covid-19" ?
Le confinement impose une séparation physique entre les résidents et leurs proches. Et comme l'indique justement Madame Portal, cheffe de service du foyer de vie Horizons, c’est aussi "l’arrêt de toutes les activités extérieures". C’est donc l’ensemble de la vie sociale des résidents confinés qui est bouleversée. Pour ces établissements, la priorité est donnée : "rompre cet isolement social dont les résidents souffrent". Pour ce faire, les professionnels instaurent des échanges quotidiens entre résidents et proches par tous les moyens de communication à disposition. "Les résidents reçoivent beaucoup de courriers des familles, neveux, nièces et cela leur fait réellement plaisir » note Madame Rodrigues-Rio, cheffe de service de la MAS à Arbois. La pair-aidance n’est pas oubliée ! Des échanges réguliers entre résidents confinés à la MAS et résidents de retour à domicile sont établis. Mais au quotidien, c’est en priorité la relation d’aide professionnels/résidents qui donnent du sens à la vie en confinement des personnes accueillies. "Les équipes dépassent leurs propres craintes pour être solidaires et créer une ambiance de vie sereine au sein de l’établissement. Les professionnels sont soucieux d’apporter à la fois des repères quotidiens à tous et des moments plus privilégiés à chacun", indique Madame Rodrigues-Rio. Au foyer de vie Horizons à Arbois, les équipes sont aussi force de proposition pour l’organisation d’activités et/ou d’évènements qui rythment le quotidien. L’objectif : "inscrire les résidents dans une dynamique positive". Une dynamique qui se retrouve dans tous les établissements de Juralliance : concerts en plein air au pôle hébergement spécialisé à Arbois, ateliers de cuisine à l’ESAT Prestige de Saint-Claude, réalisation d'un clip vidéo au Foyer Les Fougères à la villa d’Arbois, sorties en pleine nature dans les MECS… Les initiatives se multiplient. Dans les foyers d’hébergement d’Arbois et de Cramans des ateliers d’art thérapie sont notamment proposés aux résidents. L’objectif de ces ateliers ? Mme Vidal, psychologue du pôle adulte handicapé Arbois/Cramans le décrit parfaitement "mettre les maux en mots et les douleurs en couleurs", une jolie initiative pour permettre aux résidents de rester acteur de leur quotidien !